Subject: Scandale des frais de représentation : la transparence, vite !

Madame,

Monsieur,





En 2023, j’ai eu une conversation savoureuse avec le journaliste néerlandais Stephen de Vries : après cinq ans de guérilla juridique, il avait réussi l’exploit d’arracher les notes de frais d’Anne Hidalgo et des maires d’arrondissement de 2018. Verdict ? A côté de ce premier aperçu des frasques d'Anne Hidalgo et des maires d'arrondissement, un seule d'entre eux n’avait quasiment rien dépensé : Rachida Dati, dans le 7e. La sobriété avant la mode.


De mon côté, j’ai voulu tester le millésime suivant de ces fameux “frais de représentation”. Ni une ni deux, j’ai pris ma pique et mon bouclier et me suis élancé à l’assaut. Au Conseil de Paris, j’ai interpellé Anne Hidalgo :



Sa réponse fut sèche comme un coup de trique : il n’y a pas de notes de frais. Circulez, y a rien à voir !


Déni, puis mensonge, que les révélations de Stephen de Vries balayaient pourtant sans appel. Mais après tout, nous connaissons désormais la morale municipale façon Hidalgo & Co : une éthique en solde permanente.


Je me suis autorisé cette réponse dans la foulée :


Et là, festival !

Il nous a fallu patienter deux ans de plus pour enfin mettre la main sur ces fameuses notes de frais : d’abord celles de la maire de Paris, puis celles des maires d’arrondissement. Et là, festival !


Dans le 12e, la maire écologiste s’est offert un jeu pour enfants, des vêtements pour homme, quatre bols à prénom, un restau au Havre et même un bonnet de plage. Dans le 11e, son collègue socialiste a claqué 5.000 euros en chocolat, au point de devenir client VIP chez Ducasse.


Quant à Eric Lejoindre, maire du 18e et directeur de campagne d’Emmanuel Grégoire, il a trouvé le filon : écouteurs de smartphone, dîners familiaux avec pizzas au Nutella pour ses trois enfants, et cerise sur le gâteau, un étoilé gastronomique pour se remettre d’une distribution militante. Après l’effort, le réconfort... aux frais du contribuable. Entre autres.


On se rappelle qu’un Premier ministre candidat à la présidentielle est tombé pour un costume, un ministre pour un homard. Ici, c’est buffet à volonté : toutes les bornes sont franchies par une gauche qui voue aux gémonies l’argent, le capitalisme et les bourgeois… sauf quand il s’agit de plonger dans la caisse municipale pour vivre exactement comme eux sans effort ni talent.


On attend avec gourmandise les notes de frais des adjoints : Emmanuel Grégoire, David Belliard et consorts, pour voir s’ils ont eux aussi confondu “frais de représentation” et complément de salaire (défiscalisé). Une chose est sûre : la gauche caviar n’est pas en voie d’extinction. Elle se reproduit très bien en milieu municipal.


J'ai signalé au parquet National Financier ces dérives graves qui, au-delà de leur immoralité, constituent sans doute un détournement de fonds publics. Le procureur général Jean-François Bohnert semble avoir ajouté ce sujet à celui du Tahiti Gate qui a vu Anne Hidalgo s'envoler à l'autre bout de la planète en toute discrétion, accompagnée d'adjoints et de son staff personnel. Direction la Nouvelle Calédonie puis Tahiti sous un prétexte fallacieux, la visite du site de surf des JOP. Visite qu'elle a esquivé pour aller retrouver sa fille qui habite à côté. Il a laissé entendre cette semaine qu'il s'occupait de ce dossier supplémentaire.



Que faut-il en penser ?

Les "Frais de Représentation" doivent avoir un intérêt communal. Cela n'a jamais été le cas à la Mairie de Paris. Dès 2006, la Chambre Régionale des Comptes estime par exemple que .l'achat de vêtements ne rentre pas dans les Frais de Représentation. Ils ne peuvent couvrir que "des dépenses liées strictement et sans équivoque à l'exercice des fonctions de maire et exposées dans l'intérêt de la commune." Cet avis est confirmé par un avis de la Chambre Régionale des Comptes de PACA au sujet du maire d'Orange qui exclut les achats de vêtements, sauf à établir qu'ils sont "liés à la participation à une cérémonie particulière, exigeant par exemple une tenue de gala." Nous en sommes très très loin.


L’indignation légitime face au scandale des notes de frais à la mairie de Paris ne doit pas nous conduire à jeter le bébé avec l’eau du bain. Supprimer les frais de représentation serait une erreur : la vie d’un maire exige un budget pour rendre des comptes aux habitants. Ces frais sont utiles lorsqu’ils financent des actions au service de la collectivité : cafés du maire, rencontres avec les associations, moments et évènements conviviaux… autant d’occasions d’échanger avec les citoyens et d’animer la vie locale.


Ce qui est indispensable, c’est la transparence des Frais de Représentation. Un cadre clair, débattu et voté en conseil municipal en début de mandature afin qu'il soit connu de tous, y compris des électeurs. Et surtout, la publication systématique de ces dépenses, comme la loi l’exige.




Cordialement,

Aurélien Véron

Conseiller de Paris, élu à Paris Centre



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