| Madame, Monsieur,
L'hebdomadaire m'a proposé d'écrire son éditorial de la semaine sur le naufrage des finances de la Ville de Paris (dont voici le lien). Voici le texte de l'article publié ce jour : La Ville a franchi la ligne rouge de l’illégalité en affichant un déficit courant de 120 millions d’euros en 2024. Pas assez pour être mise sous tutelle, mais bel et bien illégal. Les finances de la Ville de Paris sont dans le même état de délabrement que ses trottoirs. Même les magistrats de la Chambre régionale des comptes, pourtant peu portés sur l’exagération, en ont eu des sueurs froides. Le rapport qu’ils viennent de publier ressemble moins à une analyse comptable qu’à un avis de décès budgétaire. On y découvre des dépenses courantes qui galopent plus vite que l’inflation. Plus grave, la dette la dette franchira 11,5 milliards d’euros fin 2026 malgré l’explosion de la taxe foncière de +62% et la hausse des droits de mutation. Le rapport accablant de la CRC montre que la mairie pulvérise déjà les fameux “ratios prudentiels” censés l’empêcher de transformer les finances municipales en trou noir budgétaire. Le seul service de la dette atteint déjà 532 millions d’euros en 2025, avec une facture d’intérêts qui a bondi de 20 % en un an. Chaque année, Paris emprunte un milliard d’euros sur les marchés financiers pourtant honnis. Les Parisiens ont raison de trembler : qui paiera la dette si la gauche sabre les bureaux, asphyxie l’activité et pousse son délire de 40 % de logements sociaux, voire 60 % pour Emmanuel Grégoire ? Réduire les dépenses ? Hors de question. Améliorer la productivité d’une administration obèse ? Impensable. La mairie préfère gonfler les effectifs : 55.000 agents aujourd’hui, contre 41.000 il y a 25 ans pour… le même périmètre. Et encore, ce chiffre ne compte pas les services externalisés. Mais quand vos propres agents sont tellement démotivés qu’ils affichent un absentéisme moyen de 39 jours par an, 25 de plus que la moyenne de la fonction publique, il faut bien multiplier les embauches pour compenser. Voilà comment l’Hôtel de Ville transforme la capitale en usine à dette et en laboratoire de démoralisation collective. A défaut d’être rigoureuse dans ses dépenses, la mairie a usé de tous les stratagèmes possibles pour gonfler ses recettes… et sa dette. Prenons l’exemple des fameux “loyers capitalisés”. Quand un bailleur social récupère un immeuble privé acquis, plus souvent préempté par la Ville, il doit s’endetter jusqu’au cou pour lui verser immédiatement 65 années de loyers ! Jackpot pour la municipalité qui dilapide cette manne dans la foulée mais trou abyssal pour les finances des décennies à venir. Car les futurs maires n’auront plus un centime de revenus locatifs. Par ailleurs, cette dette monumentale des bailleurs sociaux de la Ville disparaît comme par magie des comptes officiels de la mairie. La prochaine équipe municipale devra enfin faire la lumière sur les comptes après vingt-cinq ans d’opacité. Il faudra commencer par rationaliser les 270 millions d’euros de subventions, dont une partie finance des associations aux objectifs aussi exotiques que le karaté solidaire à Madagascar ou les ruches pour femmes leaders à Tandjouaré, sans oublier des officines d’activistes de gauche radicale qui prônent la désobéissance civile. Par cesser de préempter des immeubles à tour de bras en creusant simultanément la dette et la pénurie de logement. Par tailler dans la bureaucratie municipale et redéployer des moyens vers les agents qui font vraiment tourner la capitale : éboueurs, jardiniers, puéricultrices de crèche, policiers municipaux. Entretenir, c’est moins glamour qu’inaugurer en grande pompe un nouvel équipement, mais c’est infiniment moins coûteux. Et c’est surtout ce qu’attendent les Parisiens : une ville enfin entretenue, gérée avec rigueur, où l’argent public est dépensé moins… mais mieux.
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Voici une version plus synthétique en vidéo : | |
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