Madame,
Monsieur,
Le conseil municipal fut assez terne hier soir avec peu de délibérations sujettes à débat. Comme d'habitude, nous avons voté quantité de subventions rassemblées par paquets de 10 ou 20… les yeux bandés, les mains liées, et la bouche cousue. Pas de bilan, pas de comptabilité, pas d’objectifs. Juste une injonction morale emballée dans des fiches minimalistes photographiées sous PDF. Et malheur à celui qui ose lever un sourcil : il sera crucifié sur l’autel du Progrès. Soupçonné d’inhumanité, d’insensibilité. Alors nous votons, fatalistes, en attendant de pouvoir fixer un jour des objectifs, de faire des évaluations et de sanctionner la performance. Car même dans le domaine de réinsertion ou de l'aide sociale, nous avons besoin de résultats pour ne pas dilapider l'argent public.
Et le BHV, toujours le bazar ?
Ca s'est animé au moment des vœux, comme d'habitude. Les élus EELV se sont soudainement inquiétés du sort du BHV. Ils ont réclamé une réunion publique réunissant la direction du BHV, les salariés, les syndicats, les "usagèr.e.s". Ils ont ajouté la demande d' un engagement envers la clientèle locale. Et pourquoi pas les commerçants concurrencés du quartier, la RATP et Velib, moyens de transports exclusifs pour parvenir à ce grand magasin ? Pour conclure, ils ont dénoncé la “disneylandisation” du quartier. C'était presque touchant.
J'ai rappelé qu'on peut être usager de la SNCF, éventuellement "usager de drogue" conformément au lexique novlangue de la mairie (en clair, toxicomane). Mais personne n'est "usager" du BHV. On en est client.
Ensuite, j'ai expliqué qu'avec un chiffre d'affaires de 430 millions d'euros, c'est une grande surface qui vise un très large public, bien supérieur à la seule clientèle locale. Le BHV, c’était Paris tout entier, et même l'Ile-de-France. Celui où l’on venait en voiture remplir son coffre de quoi bricoler, aménager, s'équiper. Aujourd’hui, le parking presqu'en face, place Beaudoyer est vide, l’accès coupé, et le magasin se meurt. La clientèle de proximité ? Elle a fui, à force de barrières, de sens interdits et de dogmatisme vert.
Ne restent que les touristes, prioritaires dans notre quartier. Le BHV finira sans doute en food court, restau et hôtel de luxe. Nous en manquions.
Alors qui a le plus contribué à cette disneylandisation, sinon les écolos qui la dénoncent aujourd'hui ? Qui a soutenu la fermeture de la rue de Rivoli ? Qui a transformé le centre en couloir à trottinettes, déserté par les familles et les chalands qui venaient de loin remplir leur coffre d’objets de la Maison et de bricolage ? Qui a voulu installer des boutiques de luxe rue des Archives ? Résultat : échec complet, et vitrines vides.
Alors non, une réunion ne suffira pas. Si les écologistes veulent vraiment sauver le BHV, qu’ils commencent par défaire ce qu’ils ont méthodiquement détruit. Et qu’ils cessent de pleurer sur les ruines qu’ils ont eux-mêmes construites. En attendant, le BHV nous prépare sans doute un food court de plus et une adresse destinée aux touristes. Une de plus.
Dieu se rit des écolos qui chérissent les causes dont ils déplorent les effets. Et les habitants pleurent.
Campement évacué, écolos mécontents
Les écologistes ont aussi critiqué l’évacuation d’un campement près de l’église Saint-Gervais, jugée “inhumaine” et validée par le maire.
J’ai pris sa défense et expliqué que ces campements posent aussi des problèmes graves de sécurité et d’hygiène — pour les migrants comme pour les riverains. Vivre à la rue n’est pas une solution viable ni pour les migrants. Ni pour les Parisiens.
J’ai évoqué une agression récente dans l’église Saint-Gervais, une autre au couteau qui a failli très mal finir plus loin, rue de Sully, et rappelé qu’elle avait été utilisée comme toilettes, certains migrants déféquant sous l’orgue l’an dernier.
Les migrants ont des droits. Mais aussi des devoirs.
Et les habitants, eux, ont aussi des droits. Pas seulement des devoirs.
Il est temps de parler aussi d’eux, des habitants — de trouver un équilibre entre la dignité des migrants et la vie quotidienne des familles. J’aimerais que l’exécutif parle au moins autant des habitants que des migrants qui occupent des campements de plus en plus grands. Boulevard Bourdon, nous sommes passés en quelques mois d'une trentaine de tentes à 69 le week-end dernier.
Alors qui a tort dans cette affaire : le maire ou ses adjoints ? Face aux électeurs, ça simplifie les choses, puisque la même majorité est simultanément POUR et CONTRE la défense de Gaza, l'évacuation des campements, l'installation de caméras de vidéoprotection, l'ouverture et la fermeture du Caarud.
La technique est imparable !
Enfin, l'élu Julien Rouet m'a représenté à la cérémonie du 18 juin à la Mairie de Paris Centre : "Paris outragé, Paris martyrisé... la suite en mars 2026."