Madame, Paul Varry, cycliste de 27 ans, a été assassiné mardi 15 octobre peu avant 18h00 boulevard Malesherbes par un chauffard déjà connu des services de police pour des faits de violence et d'escroquerie. Cet automobiliste avait préalablement remonté à toute vitesse la piste cyclable interdite aux voitures sur 200 mètres avant de s'en prendre à ce militant récalcitrant de Paris en Selle et de l'écraser sciemment. J'avais croisé Paul Varry en conseil de quartier. Un idéaliste toujours souriant, rêvant d'un monde sans voiture. Nous ne partagions pas du tout la même vision du monde mais il n'en restait pas moins respectueux. J'ai été profondément choqué d'apprendre la nouvelle. Mes pensées sont allées à ses amis et à sa famille dévastés. Passé le moment d'émotion, les camps extrêmes ont cherché à instrumentaliser cette tragédie dans un sens anti-bagnole ("Interdisons les SUV", Ian Brossat) ou dans celui de la fausse bonne excuse ("La circulation est tellement impossible qu'on devient facilement fou"). Ce meurtrier n'a aucune excuse. Rien ne peut justifier une telle sauvagerie. Il me semble néanmoins qu'à ce stade de stress dans la jungle des rues parisiennes sciemment bloquées par David Belliard, il est important d'étudier les conséquences de l'évolution rapide et autoritaire des déplacements à Paris pour prendre conscience de quelques réalités. Le développement du vélo à Paris n'a échappé à personne. Un premier plan #vélo 2015-2020 doté de 150 millions d'euros a été suivi d'un second 2021-2026 doté de 250 millions d'euros. Résultat, un total de 1.200km d'aménagements cyclables dont 380km de pistes sécurisées, 60.000 arceaux pour garer ses vélos, deux parkings à vélo (dont l'un très dégradé par manque de surveillance à la Gare Montparnasse). La mairie de Paris se félicite du résultat de ces centaines de millions dépensés. L'observatoire du vélo nous dit que la mairie n'a réalisé que 34% du Plan Vélo. Mais dans l'ensemble, les Parisiens sont de plus en plus enclins à se déplacer à vélo, n'excluant pas pour autant l'usage de la voiture quand c'est nécessaire. | |
Quoi qu'on en pense du vélo, quelques constats s'imposent : Mauvaise conception des pistes : leur sécurisation souffre de discontinuité : inversion de couloirs, carrefours mal conçus, couloirs sur trottoirs, etc. Et ne parlons même; pas de l'articulation de ce plan avec la petite couronne, la concertation ne figure pas dans le lexique municipal. Bref, un cycliste n'est jamais en sécurité à Paris. Mauvaise réalisation des aménagements cyclables : les petits rebords discrets de piste cyclable en granit et les obstacles peu visibles sur les pistes sont de redoutables causes d'accidents sans tiers. L'absence de feux de croisement et le mauvais entretien de la chaussée ajoutent au danger. Comportements à risque : nombre de cyclistes n'ont aucune conscience des risques, brûlent allègrement les feux sans même regarder les voies latérales et se mettent même parfois en danger en portant des écouteurs.
La sécurité routière nous rappelle quelques vérités sur les 41.100 cyclistes blessés en France (33.000 en agglomération), dont 2.500 gravement (1.500 en agglomération) et les 221 cyclistes tués en 2023 (95 en agglomération, en baisse de 14% par rapport à 2022 alors que la pratique augmente fortement) : Le risque de mortalité est 4 fois supérieur à vélo qu'en voiture sur le même temps passé à rouler. Le vélo est un mode de déplacement pratique qui reste néanmoins intrinsèquement dangereux, même sans voitures en vue, en particulier pour les seniors. 8 accidents cyclistes sur 10 se déroulent en ville. Mais 4 accidents mortels sur 10 seulement y ont lieu. 9 tués sur 10 sont des hommes. 7 sur 10 ont plus de 55 ans. Causes de mortalité cycliste : 15% des cyclistes meurent tous seuls à cause des aménagements cyclables (sans tiers en cause). 80% de ces morts ont plus de 55 ans. Attention, danger pour les seniors. 28% des cyclistes tués dans un accident avec tiers sont déclarés responsables (inattention 25%, non respect des priorités 23%, alcool ou stupéfiant 16%). 57% des accidents mortels de cyclistes sont dus aux erreurs de tiers, essentiellement des conducteurs de véhicules motorisés. Il est donc particulièrement important pour les conducteurs de voiture, bus ou camion de respecter les pistes cyclables, les sas aux carrefours et de ne pas franchir les lignes en tournant à droite sans vérifier attentivement la présence de cyclistes ! 17% des piétons blessés le sont par des cyclistes. C'est à la fois beaucoup et peu compte tenu du chaos constaté à Paris Centre. Cela reste 17% de trop !Nous tremblons chaque fois que nous traversons, même dans les clous au feu rouge. La voiture reste la plus dangereuse pour les piétons, et de loin. Les séquelles peuvent néanmoins être profondes et durables, surtout chez les seniors. Bref, la cohabitation piéton-cycliste nécessite d'imposer aux cyclistes le respect du code de la route par une répression accrue, sans relâcher la pression sur les chauffards au volant pour autant.
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