Subject: Conseil de Paris : subvention à une librairie qui fait l'apologie du terrorisme

Madame,

Monsieur,





Le Conseil de Paris de la rentrée a ouvert ses palabres mardi à 9h et ne refermera ses portes que demain soir, peut-être après 21 h. Quatre journées d’un marathon politique où les interventions s'apparentent davantage à un combat MMA qu'à un débat.


Côté opposition, Rachida Dati affiche sa sérénité, tandis que la majorité éclatée se tasse et tousse sous le poids accablant de ses propres scandales, de la saga « Tahiti Gate » aux notes de frais, sans oublier la Tour Triangle, les voyages sans mandat spécial qui sentent le favoritisme et les notes de frais qui frôlent le détournement de fonds publics. Bref, un théâtre où le drame dépasse la comédie. Surtout, une scène qui sent la fin de règne.



En pleine campagne électorale, qui aurait pu rester indifférent au cadeau de la Mairie, sans la moindre once de pudeur ? Elle installe gracieusement dans le Théâtre de la Concorde la Fondation du PS, Jean Jaurès, jusqu'à fin mars, juste après le second tour des municipales. Quel joli écrin et quel timing pour “propager” ses idéaux !


Hier après‑midi, le rituel des questions d’actualité s’est transformé en véritable arène où l’opposition et la majorité ont eu des échanges d'une grande virulence. Le clou du spectacle ? Le conseiller Grégory Canal, qui a décortiqué avec une verve mordante les frais de représentation et les notes de frais invraisemblables, notamment du directeur de campagne d'Emmanuel Grégoire, Eric Lejoindre, sorti de l'anonymat avec ses menus enfant avec pizza au nutella et ses achats personnels plus que surprenants remboursés par l'argent public.


À écouter, c’est se régaler : une leçon de lucidité tranchée dans le sarcasme, un rappel que la politique ne consiste pas seulement à décorer les salles, mais à rendre les comptes :



Anne Hidalgo a pris la défense des « frais de représentation » qui, selon elle, empêchent les élus de céder à la tentation du secteur privé, suspect de tous les maux et, bien sûr, cause de la corruption. A l'entendre, mieux vaut ne jamais travailler de sa vie et vivre de l'argent public, surtout dans les caisses noires, c'est tellement plus digne.


Elle n’a pas osé évoquer son adjoint Arnaud Ngatcha, cadre dirigeant à plein temps chez France Télévisions (son absence générale des locaux de France Télévision interroge la Cour des Comptes dans son dernier rapport sur l'audiovisuel public), qui s’envole aux quatre coins du globe en accumulant 84 000 € de frais de déplacement en moins de 4 ans 'sans qu’on ne voie jamais la moindre note de frais).


En bref, elle a osé confirmer que ces dépenses ne sont rien d’autre qu’un complément de revenu (et, évidemment, défiscalisé). Tout cela à l’encontre des recommandations de la Chambre régionale des comptes, qui, dès 2017, sonnait déjà l’alarme sur ces dérives graves. A la mairie, c'est pas cher, c'est Paris qui paye...





Subvention à Violette & Co : apologie du terrorisme et de l'antisémitisme

Dans la petite boutique cultuelle Violette and Co, sanctuaire consacré du militantisme LGBT et féministe depuis plus de 20 ans, vous vous rappelez que j’avais découvert en août dernier un manuel de coloriage pour enfants intitulé From the river to the sea, incitation flagrante à l’élimination d’Israël. Le texte n’avait rien de subtil :. On y lisait : « Israël a imposé une politique d’apartheid et de discrimination dans tous les territoires historiques de la Palestine », puis, plus loin : « Quand Israël tue celles et ceux qui défendent leur terre (…) on ne parle pas de victimes mais de Chahid(a), ou martyr(e). Ce sont des héros… »


La vitrine regorgeait d’ouvrages similaires. Ma dénonciation n'avait abouti qu'à me faire accuser de cyberharcèlement d'extrême-droite par le chef de file des écologistes David Belliard, le communiste Ian Brossat et le candidat socialiste Emmanuel Grégoire.


J'ai décidé de porter le sujet au Conseil de Paris :



En guise de réponse, les élus se sont empressés de me cataloguer « trumpiste », « populiste indigne », comme si dénoncer une subvention accordée à une association qui prône l’anéantissement de l’État d’Israël et l’apologie du Hamas était, d’une part, démagogique et, d’autre, anti‑républicain. Décidément, nous ne partageons pas les mêmes valeurs.


Ironiquement, le premier adjoint Patrick Bloche n’a pas eu besoin de chercher longtemps le terme adéquat : il a reconnu dans l'échange avec Francis Szpiner visible ci-dessous que l’ouvrage que j’avais mis en lumière était bien antisémite. Le paradoxe municipal est alors sans appel : d’un côté, on pointe du doigt l’inconscience d’un texte qui glorifie la mort, de l’autre, on s’obstine à fermer les yeux en subventionnant le libraire coupable, comme si l’indifférence était la meilleure façon de protéger la réputation de la ville.


Ignorer ces provocations, c’est devenir complice d’un antisémitisme qui se banalise, qui se propage, qui s'affirme sans complexes ; c’est consentir à un silence qui ne fait qu’alimenter la haine. Vous n’avez qu’à parcourir le fil des débats pour constater l’inconsistance de la position officielle face à ce scandale. Le choix est désormais clair : cesser cette subvention indigne ou devenir complice de cette gangrène antisémite qui prolifère partout en France et particulièrement à Paris. La mairie semble choisir la seconde option.




Cordialement,

Aurélien Véron

Conseiller de Paris, élu à Paris Centre



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