Subject: Signalement article 40 contre un adjoint de la mairie de Paris

Madame,

Monsieur,




CONSEIL DE PARIS J-1

Demain démarrera le 3ème Conseil de Paris de l'année prévu pour se terminer vendredi si tout va bien. Nous débattrons du trou noir budgétaire de la Ville. Chaque année, c’est le même vaudeville place de l’Hôtel de Ville. En décembre, la mairie ressort son numéro de prestidigitation préféré : le budget prévisionnel, présenté comme un conte de Noël. La scène est bien rodée : rideaux de promesses, pluie de graphiques repeints à la gouache, envolées lyriques sur l’«investissement pour l’avenir». Les adjoints s’auto-congratulent avec des trémolos dans la voix, comme des enfants hypnotisés par les automates des vitrines du BHV. Mais derrière les rideaux, tout le monde sait que le spectacle est truqué, les ficelles visibles, et les lapins sortis du chapeau payés à crédit.


Puis vient le Conseil de Paris juin, c'est à dire demain. Fini les flonflons, place au rappel à la réalité : le budget supplémentaire, cette pièce en un acte qui corrige — à coups de hache — les illusions du premier trimestre. Les recettes s’évaporent comme des subventions à l'Académie du Climat, les dépenses explosent façon nuit de victoire du PSG, et les grands équilibres sont révisés à la truelle, sous l’œil torve des magistrats de la Chambre régionale des Comptes. D'autant que la mairie a fini 2024 en déficit de 120 millions d'euros, ce qu'interdit le Code des collectivités territoriales. Nous tenterons une fois de plus de savoir où passe l'argent des Parisiens dans l'immense boite noire de l'Hôtel de Ville et de freiner cette logorrhée dépensière. A suivre.



L'ENLAIDISSEMENT DE PARIS N'EST PAS UNE FATALITE

Pour quiconque aime Paris, notre ville est aujourd’hui une souffrance oculaire. Un supplice quotidien infligé aux esthètes, aux flâneurs, aux amoureux de la mesure classique et de la beauté urbaine. On croyait vivre dans la capitale du goût, on habite désormais un terrain d’expérimentation pour autodidactes en design écolo-citoyen, à mi-chemin entre l’atelier de réinsertion et la performance artistique non déclarée. Paris n’est plus aménagée, elle est bricolée. On y visse, on y cloue, on y attache du bois brut sur du métal rouillé, avec l’enthousiasme d’un bricoleur du dimanche et le budget d’un ministère.


Il faut voir ce qu’est devenue l’unité visuelle de Paris : une cacophonie matérielle, un chaos de formes et de matériaux, sans autre ligne directrice que le recyclage ostentatoire et la culpabilité carbone, comme si chaque objet urbain avait été sélectionné au hasard dans un catalogue de mobilier de sous-préfecture en transition écologique. À Londres, on restaure les fontaines victoriennes, on sublime le métal travaillé, on coordonne les couleurs jusqu’aux candélabres. À Milan, on assume l’élégance, le marbre, le design contemporain qui respecte l’héritage. À Tokyo, la propreté confine au sacré. À Paris, on cloue une palette sur deux plots, on y plante trois herbes sèches, et on appelle ça un îlot de fraîcheur.


Nous avons eu droit aux pires supplices avec les uritrottoirs à 4.000€ pièce, les bancs Mikado, à mi-chemin entre la palette industrielle et l’échafaud de fortune sans oublier les parklets expérimentaux à 40.000€ pièce : sur une place de stationnement, ces installations bricolées assemblaient deux bancs sommaires et quelques gros sacs remplis de terre qui ont fait office de poubelle une fois les 3 plantes initiales crevées avant que le toile ne se déchire; durée de vie : une demi-saison. Et maintenant, des bancs de granit laids et froids comme des caveaux municipaux.


Paris doit cesser sabordage visuel organisé à grands frais et reprendre son design en main.


Cordialement,

Aurélien Véron

Conseiller de Paris


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