Le cycliste est libre. Libre comme l’air, libre comme la loi qu’il ne respecte pas. Il surgit sans prévenir, glisse entre les passants, fonce sur les trottoirs, slalome dans les passages piétons avec la grâce d’un missile en chaussettes. Il grille les feux comme on feuillette un magazine : distraitement, mais avec panache. Et si un piéton ose traverser à son feu vert ? Qu’il prenne ses responsabilités. À Paris, la priorité, c’est celui qui crie le plus fort.

Et lorsqu'on dénonce ces chauffards du guidon, on se fait traiter illico presto (et très abusivement) par la secte des "vélotaffeurs" et l'exécutif municipal de bagnolard anti-vélo, voire assassin. Aimer le vélo à Paris, ce n'est pas aimer les délinquants de la route. On peut même aimer la marche, le vélo... et même la voiture.

Voilà pourquoi je le rappelle et le martèle inlassablement : je suis favorable aux pistes cyclables protégées qui permettent aux Parisiens, et même à certains Franciliens, de se déplacer vite et de manière assez sûre sur ces autoroutes cyclables. Mais pas n'importe comment. Reconnaissons aussi que les cyclistes respectueux du Code de la Route existent. Ils se font eux-mêmes malmener par les chauffards du guidon. Voilà pourquoi je veux les protéger ainsi que les piétons inquiets.

En 2023, 5 cyclistes sont morts à Paris, 1 en 2024. c'est moins que les deux roues motorisées (respectivement 6 et 12) et que les piétons (12 et 13), mais ces chiffres restent dramatiquement trop élevés. Certains aménagements sont mal conçus et dangereux pour les cyclistes eux-mêmes qui peuvent tomber et se blesser (exemple : bordures en granit peu visibles). Des carrefours également mal réfléchis sont dangereux lorsque des bus ou des camions tournent à droite, fauchant les cyclistes inattentifs dans leur angle mort. Bref, le plan de circulation à vélo n'est pas abouti et recèle des points noirs nécessitant beaucoup d'attention et de prudence. Surtout pour ceux qui n'ont ni leur permis de conduire, ni les réflexes de la route.

Mais les cyclistes causent également de nombreux accidents de piétons, parfois graves. Souvent aux carrefours réservés aux mêmes piétons que ces cyclistes ne respectent pas. Cela n'est pas acceptable. Voilà pourquoi la généralisation du vélo exige le respect absolu de règles simples : elles figurent dans un petit livre que tout le monde devrait avoir lu, le Code de la Route qui s'applique aussi aux cyclistes. Espérons qu'il devienne obligatoire. L'étape suivante consistera peut-être à immatriculer les vélos à Paris afin de responsabiliser les cyclistes les plus négligents.