Madame,
Monsieur,
La mairie nous promettait une ville écologique. Nous avons une ville organique bio. Les plastiques, les cartons, les cadavres de pigeons, les restes de kebab — tout s’y mélange dans une grande symphonie urbaine où la poubelle n’est plus un contenant, mais un point de départ. Le vrai Parisien ne jette plus : il expose. L’ordure déborde, conquiert le trottoir, s’étire en coulée molle jusqu’au caniveau.
À chaque angle de rue, une installation contemporaine. On attend encore que le Palais de Tokyo l’achète.
Le matin, l’œil averti distinguera les couches : gobelets de la veille au soir, cartons de livraison, restes de plats à emporter, sacs éventrés du Franprix, compote séchée sur le trottoir, éclaboussures occasionnelles de vomi -- et parfois un vélo mort.
Ici, les rats ne fuient plus les humains : ils cohabitent. Ils sortent de jour, passent entre les jambes, montent les escaliers du métro, galopent en meute. Ils connaissent les horaires de collecte. Paris est une fête pour eux surtout.
L’été, la chaleur est une épreuve. Pas pour nous, pour les sacs. Ils fermentent, gonflent, explosent. Le plastique colle, le jus d’ordure ruisselle, la ville sue..
Et à la mairie, on appelle ça un défi climatique.
Quant au lavage des rues, il relève du miracle. Paris n’arrose plus. Paris prie.
On attend la pluie comme autrefois les marins attendaient le vent : avec une ferveur résignée. Quand l’averse arrive, on la bénit. On se dit que peut-être, enfin, les trottoirs seront nettoyés. Mais non : la pluie ne lave pas Paris. Elle déplace la saleté. Elle la fluidifie.
Elle l’envoie vers les bouches d’égout, vers la Seine, vers la suite.
Pourtant, une ville monde comme Paris peut être propre. Ce n'est pas un fantasme, c'est possible. Ce sera notre enjeu en 2026, et cela commencera par la fin des coupes dans les dépenses d'entretien de la voirie et une stratégie adaptée avec des outils modernes pour nos éboueurs à remotiver.
Explications :
