| | Madame, Monsieur,
Hier soir, le conseil municipal s’est tenu dans une atmosphère tendue. Plusieurs votes de subventions réunies par paquets sont passés comme on expédie un buffet tiède à la fin d’un colloque : sans trop regarder ce qu’on mange. Je me suis néanmoins opposé à plusieurs subventions repérées dans la masse, en particulier à deux qui mériteraient presque d’être étudiées en faculté de psychiatrie publique.
L’association Gaïa : la salle de shoot du 10e, naufrage sanitaire organisé
Gaïa, c’est l’association qui gère la salle de consommation à moindre risque (renommée HSA) du 10e arrondissement — une sorte de laboratoire de l’échec où l’on regarde des toxicomanes sombrer en leur tendant des seringues, des pipettes et des compresses. Propres, elles. Vous me direz que ça ne concerne pas Paris Centre. En fait si. De nombreux toxicomanes descendent dans le Sentier et les Halles à partir de cette fameuse salle. Censée apaiser le quartier ? Elle l’a surtout transformé en scène post-apocalyptique, avec seringues décoratives, tensions permanentes et agressions fréquentes. Une « réduction des risques » qui n’a jamais vraiment envisagé de réduire le problème. Une catastrophe humaine et sociale à ciel ouvert. Sans aucune passerelle vers les soins et la sortie de l’addiction. 2. Techno+ : l’accompagnement festif des transes chimiques Deuxième perle : Techno+. Une association qui ne fait pas de prévention au sens classique du terme, non. Elle accompagne les fêtards dans leurs soirées en squat, en rave party ou en boite de nuit plus légale pour tester la pureté des produits illicites qu’ils consomment — parce que sniffer des amphétamines coupées à l’antigel, c’est risqué, voyez-vous. Et elle procure les bons conseils aux consommateurs lorsqu'ils sont arrêtés et interrogés par la justice. Tout un état d'esprit. J’ai donc fait valoir un principe simple : si vous décidez librement de vous envoyer en l’air un samedi soir avec un cocktail maison MDMA/kétamine, c’est votre affaire (je fais l'impasse sur le caractère illicite de ces produits et sur le financement des réseaux mafieux qui gangrènent le pays et les cités). Mais que nos impôts servent à les aider à mieux gérer leur montée, là je dis non. C’est comme si l’on subventionnait des passionnés de vitesse pour tester la tenue de route de leur bolide à 300 km/h sur l’A6 à 4h du matin. À un moment, il faut remettre un peu de gravité dans la gravité. Indépendamment de tout jugement moral sur l’usage de stupéfiants — et du financement des mafias qui vont avec — il me semble absurde, voire surréaliste, d’utiliser de l’argent public pour faciliter ce qui est illégal. L’argent public doit servir à soigner, pas à amortir les descentes. Techno+ a reçu 196.000 euros en 10 ans. | | 3. Le plan crack et la défense du Caarud : ou comment recycler l’échec Le clou de la soirée est venu pendant l’examen des vœux, quand le débat s’est enflammé autour de la politique de lutte contre le crack à Paris que j'ai dénoncée en m'appuyant sur les témoignages d'un ancien directeur de Caarud, le thérapeute François Diot, du fondateur d'un centre post-cure EDVO qui sort de la toxicomanie quelques dizaines de personnes chaque année, et d'une étude réalisée pour la Région Ile-de-France par Laurence Vaivre-Douret, Professeur des Universités en Neuropsychologie du Développement, à Paris Descartes, Neuropsychologue clinicienne à l’hôpital Necker-Enfants Malades. La mairie de Paris fait fausse route et elle devrait faire un audit des pratiques actuelles afin de revoir sa stratégie dans son ensemble. Mais que voulez-vous, chaque élu de la majorité est un expert qui sait tout mieux que les scientifiques. Surtout sur des sujets aussi complexes... Véronique Levieux, adjointe à la sécurité de Paris Centre, a regretté — la larme à l’œil et le vœu pieux à la bouche — la fermeture du Caarud de la rue de Cléry. Selon elle, l’équipe faisait un « excellent travail » et le quartier en avait « besoin ». J’ai dû rappeler une évidence : ce centre, censé réduire les risques, n’a fait qu’attirer une faune de plus en plus menaçante pour les riverains. Et surtout : aucune orientation réelle vers des soins ou un sevrage. Juste de la gestion de détresse, version distributeur automatique de pipe à crack propre. Quant au Plan Crack, qui devait coûter 9 millions sur 3 ans et en a finalement englouti 25… pour quels résultats ? Aucune amélioration visible, aucune sortie durable de la toxicomanie. La seule voie sérieuse, nous la connaissons : le sevrage. Mais ça, c’est moins « cool » sur une fiche d’évaluation de projet.
| | | 4. Des toutous, mais pas tous Enfin, ultime moment de grâce absurde : le débat sur les chiens sans laisse dans le Clos des Blancs Manteaux, ce jardin secret devenu le cœur d’un petit monde de maîtres, de personnes âgées et de parents… et de joie de vivre. La mairie a décidé d’en expulser les petits chiens non tenus en laisse. Crime de lèche majesté ?
J’ai plaidé pour des horaires adaptés (quand les enfants sont à l’école), pour expérimenter, consulter les habitants au bout de six mois et généraliser ce type d’ouverture da plusieurs squares de Paris Centre. Car les enclos à chiens actuels — sur les berges et dans le jardin Nelson Mandela, enclos créé par Jean-François Legaret — sont sinistres, glauques, peu accueillants. Le square Georges Cain a récemment officialisé l'admission des chiens de grande taille sans laisse après des années de tolérance joyeuse : c’est un premier pas. Mais Paris Centre doit mieux faire. Réponse du maire ? Agacé, il a dénoncé une volonté de « diviser la population en clans ». Et indiqué que ces chiens avaient posé des problèmes, en particulier avec les enfants et certains personnels de la crèche mitoyenne. Il n’est pas revenu sur sa décision. Résultat : les touristes peuvent envahir les trottoirs, les rats galoper en pleine rue, mais Médor, lui, n’a plus le droit de gambader dans la plupart des jardins. Dommage : il se noue pourtant des liens forts entre ces habitants propriétaires de chiens dans un centre de Paris, lien social bien utile pour lutter contre la dévitalisation du centre qui se transforme en parc d’attraction.
5. Et la cerise idéologique : le retour fantôme de la Gaîté Lyrique Enfin, moment surréaliste : les élus écologistes ont proposé que la Ville vienne en aide à la Gaîté Lyrique aui est à terre. Les Parisiens ont déjà cotisé pour 3.2 millions d'euros de subvention versée pour 2025 pour financer le fonctionnement de ce squat de 10.000m2 pendant 4 mois. J’ai rappelé calmement, mais fermement, une vérité que certains préfèrent oublier : cette faillite est la conséquence directe du choix absurde de sa directrice, qui a choisi de maintenir 450 squatteurs migrants dans les murs alors que la Préfecture de Région proposait de les reloger… jusqu’à ce que je fasse évacuer les lieux quand la situation est devenue explosive pour les riverains, avec le soutien de Rachida Dati. La plupart de ces sans-papiers, instrumentalisés par les associations d'extrême-gauche, ont d'ailleurs préféré décliner l'offre de logement aux frais de l'Etat. Aider la Gaîté Lyrique, pourquoi pas — mais certainement pas pour prolonger le règne de ceux qui ont provoqué sa chute. Il faut changer d’équipe, de cap, et de logiciel de gestion. Parce qu'à ce stade, ce n’est plus de la culture : c’est du sabotage financé. Seule victoire de la soirée, le vœu présenté par Julien Rouet qui a proposé de mieux prévenir les habitants de l'Ile de la Cité quand la Préfecture interdit le stationnement de manière trop soudaine. Des enjeux de sécurité justifient parfois l'absence d'anticipation, mais la mairie s'est engagée à exiger une meilleure information de la Préfecture de Police quand elle ferme des rues au stationnement. La mairie prétend « réduire les risques », mais elle subventionne en réalité les dérives. Elle parle d’« inclusion », mais laisse les quartiers sombrer. Et pendant ce temps, le contribuable regarde passer les paquets de subventions comme les trains dans une gare désaffectée : en se demandant toujours où passe l’argent… et pourquoi il ne revient jamais. |
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