Subject: Clos des Blancs Manteaux : jeu de massacre !

Madame,

Monsieur,



Ah, le Clos des Blancs Manteaux… Avant, c’était un petit bijou discret au fond d’une cour du Marais, un vrai coin de paradis planqué du brouhaha de la marée de touristes en quête de coins instagrammables. Un jardin à la française, classe, tiré à quatre épingles : des buissons taillés au cordeau, des fleurs pimpantes qui dessinaient des arabesques autour d’une vasque en pierre, fière comme un coq. Un havre de paix pour les vrais Parisiens qui savaient encore savourer le calme entre deux rues piétonnes envahies par les terrasses et les poubelles débordantes.


Mais voilà qu’un jour, une bande d’illuminés du terreau a débarqué avec leurs bêches, leurs salopettes à fleurs et leurs bonnes intentions, histoire de foutre en l’air ce coin de verdure ciselée. Nous aurions dû nous méfier en entendant parler de "projet de potager partagé" au coeur de ce quartier historique. Encore plus avec le concept “d'espace collaboratif” où la nature reprendrait ses droits, où les légumes pousseraient dans la fraternité. La bonne blague. Ou plutôt la mauvaise blague.


Aujourd’hui, c’est Beyrouth sur terre battue. Quelques tiges chétives, affalées comme des clodos du jardinage, se battent en duel au milieu de tas de terre grumeleuse, assoiffée comme un vieux figuier oublié. Fini les parterres à la française, place au terrain vague desséché. Les maîtres composteurs du dimanche ont transformé ce coin chic en un champ de bataille potagère, où même les carottes n’osent plus pointer leur nez. Les fiers jardins de jadis ? Carbonisés sous l’utopie écolo des jardiniers amateurs, plus doués pour l’esbroufe que pour la grelinette.


Et pendant ce temps, les derniers habitants du quartier regardent le massacre en grimaçant, un peu comme on regarderait un tagueur graffiter la Joconde. Voilà ce que c’est que de laisser des rêveurs de la bêche qui n'ont jamais mis les pieds à la campagne, dans la vraie nature, jouer aux maraîchers dans un jardin à la française : ils nous ont flingué le Clos, un vrai carnage horticole.

A gauche, la vasque avant le massacre. A droite, la nature version écolos municipaux.


Le carnage n'est pas terminé ! Ceux qui pensaient que le potager version zone sinistrée était le coup de grâce de ce coin de paradis se trompaient lourdement. L’autre moitié du Clos des Blancs Manteaux, elle aussi, vient de prendre cher. Avant, c’était le coin des petits chiens du quartier, sans laisse et sans chichis, à s’ébrouer joyeusement pendant que les mômes finissaient leur dictée. Un petit bout de paradis canin où les personnes âgées du coin venaient s'installer sur les bancs pour reluquer ce joyeux foutoir poilu. Ça sentait bon la vie de quartier, les aboiements joyeux, les échanges de sourires, la vraie solidarité locale quoi.


Mais là-dessus, la claque ! La mairie a décidé de dégager tout le monde en installant des jeux pour enfant, pas incompatibles en soi, mais la mairie a déclaré que ces jeux interdisait la présence des chiens.


S'il s'agit d'hygiène, je remarque que personne ne réagit aux individus qui se soulagent dans nos squares comme le montre la photo prise ci-dessous il y a peu, tandis que les propriétaires de chiens font très attention dans ce jardin.


Illustration. D'un côté, une vieille dame assise sur un banc avec son petit toutou. De l'autre à quelques mètres de là, un homme pantalon baissé urine.

Devinez qui les 4 policiers municipaux vont embêter ?



Pas assez branchés tourisme les teckels et les caniches, apparemment. Faut croire que ça manque de potentiel Instagram, un corgi qui joue à la baballe. Du coup, verdict sans appel : interdit aux chiens. Comme si le simple fait d’être un jardin populaire où des dizaines d'habitants avaient pris racine était devenu une infraction à l'esprit inclusif et écolo-citoyen.


Une lettre a bien été écrite à la mairie de Paris Centre. Sans réponse, sans doute jetée directement à la corbeille. Comment peut-on claquer la porte au nez aussi sèchement des habitants de Paris Centre qui sont nombreux à promener quotidiennement leur(s) chiens(s) ?


Les habitants expulsés avec leurs chiens ? Sidérés, complètement sonnés. Ils restent là, plantés comme des piquets, à regarder le panneau “chiens interdits” comme si c’était une mauvaise blague. La petite communauté de quartier, qui s’était formée et soudée autour de cette joyeuse anarchie canine, se serre les coudes et réfléchit à la suite. Qui prendra la suite : un campement, des camés, des touristes ? Les trois peut-être.


Paris, ville lumière ? Uniquement pour les bons pedigrees et, surtout, les touristes. Les autres, circulez, y a rien à voir.




RECHERCHE VOLONTAIRES POUR TEMOIGNER SUR LEUR QUARTIER

Je cherche des habitants qui veulent parler de leur quartier ouvertement, de leurs reproches et de leurs attentes.

Avis aux amateurs qui veulent témoigner, envoyez-moi un mail : aurelien.veron@paris.fr


Cordialement,

Aurélien Véron

Conseiller de Paris


Optimisé par:
GetResponse